Journal Of Hellenic Religion (J. Hell. relig.)

Résumé : Dans le présent article, j’essaierai d’examiner la signification du maschalismos d’Agamemnon (A. Cho. 439 ; S. El. 445) en le mettant en relation avec la praxis du sacrifice juratoire. Il est bien connu que les sacrifices juratoires les plus solennels consistaient dans la mutilation animale accompagnée d’un anathême contre soi-même : les animaux démembrés devenaient l’image même des effets sur le parjure. Le thème du parjure concernait la praxis impie des Atrides, et il se retrouve dans l’Agamemnon d’Eschyle. Les Érinyes et Horkos, qui infligent des châtiments terribles, résident dorénavant dans la maison des Atrides qui violent toujours leurs serments solennels. Le meurtre d’Agamemnon est explicitement comparé à un sacrifice animal, et, en effet, la mutilation de son corps relève de ce contexte symbolique. Lier le maschalismos d’Agamemnon au parjure relatif à un sacrifice juratoire, nous permettrait d’aller plus loin que les explications – souvent contradictoires – fournies par les anciens, et de reconnaître au destin du roi achéen le statut d’un cas d’imprécation contre soi-même consommée. Par ailleurs, le fragment difficile des Épodes de Callimaque (X, 200 b Pf.), où Agamemnon sacrifie des animaux mutilés, pourrait également nous permettre d’invoquer un sacrifice juratoire.

Abstract: In this article I will attempt to investigate the meaning of the maschalismos of Agamemnon, (A. Cho. 439; S. El. 445) by placing it in relationship with the praxis of the oath-sacrifice. It is well known that the most solemn oath-sacrifices consisted of animal mutilation with the conditional self-curse: the dismembered animals became the image of the dire effects on the perjure. The theme of the broken oath concerned the impious praxis of the Atreides and was quoted several times in Agamemnon of Aeschylus. The Erinyes and Horkos, with their terrible punishments are the actual inhabitants of the house of the Atreides, who have always broken their solemn oaths. The murder of Agamemnon is compared explicitly to an animal sacrifice and indeed also the mutilation of his body belongs to this symbolic context. Relating the maschalismos of Agamemnon to the perjury of an oath-sacrifice makes it possible to go beyond the ancient explanations, often contradictory, and to see in the dire fate of the Achaean king a case of an achieved self-curse. Furthermore, also the difficult fragment of Callimachus’ Iambi (X, 200 b Pf.), in which Agamemnon sacrificed mutilated animals, can be likely understood as an oath-sacrifice.